Abel & Coré






Arthur Gyl

Abel et Coré De la Mort à la Vie : tome 2

Arthur Gyl


Prologue

Quinze ans s’étaient écoulés depuis notre installation sur Glièse1. Les Permanens Libres et Indépendants – rebaptisés néoGliésiens – formaient maintenant une colonie de deux cent cinquante-trois individus sur le continent unique qu’est Thesaurus Insula, sur cette immense planète deux fois et demi plus grande que la Terre, par ailleurs totalement submergée. Grâce à l’aide indéfectible de Memoriae – l’intelligence artificielle en charge de la mémoire des Anciens – nous avions considérablement augmenté nos connaissances. Mises à profit, elles avaient permis l’élaboration d’habitats confortables et l’exploitation des ressources vitales : l’eau – et la profusion de celle-ci semblait inépuisable – mais pas les minéraux (nous vivions encore sur les immenses stocks que l’équipe de Chooz avaient accumulés dans le vaisseau d’Adam). Ces derniers étaient beaucoup plus difficiles à se procurer – le continent n’étant qu’une plaque océanique que nous devions préserver pour l’habitat et le muséum – et nos réserves étaient presque épuisées. C’est ce qui nous entraîna dans l’exploration de l’océan gliésien. Aussi engageâmes-nous des expéditions régulières à bord de notre vaisseau – Ô’Sidarta II – qui, étant à l’origine un sous-marin, se révéla parfait pour sonder les mers du globe. 1 Voir « De la Mort à la Vie », tome 1 1

Prologue

C’est ma sœur Coré – fille, comme moi, d’Adam et

d’Hannah, les premiers Originaux – qui fut nommée à la tête de l’exploration de la planète. Oui… j’ai oublié de vous dire… je suis Hermès, leur premier fils, en charge de la mémoire de notre peuple. C’est donc moi, à présent, qui raconterai notre histoire. Coré a hérité de notre mère – par hérédité comme tous les enfants Permanens – de ses connaissances en technologies. Elle les compléta auprès de Memoriae qui se révéla être un excellent pédagogue ; le savoir gliésien dans ces matières est, comme dans beaucoup d’autres, gigantesque et, disposant comme nous tous d’une mémoire absolue, elle l’intégra complètement. Elle ne travailla pas seule à ce projet titanesque : Abel, fils de Maria et Salvatore – autres Originaux qui avaient découvert que nous pouvions nous reproduire – se joignit à elle, fort des connaissances héritées de sa mère, l’une des plus grandes physiciennes qu’ait jamais connue la Terre. Il délégua son rôle de médecin de la colonie à ses premiers élèves, tous aussi savants que lui, désormais. Adam, qui maîtrisait parfaitement le pilotage du vaisseau, vint compléter l’équipe en tant que timonier. — En plus, ça me permettra de garder un œil sur Coré et Abel… J’ai l’impression très nette qu’il a des vues sur notre fille, déclara Adam à Hannah tandis qu’il bouclait son paquetage. 2

C’est ma sœur Coré – fille, comme moi, d’Adam et

— Tu vas jouer les papa-poule, maintenant ? répliqua-t-elle

en souriant. — Ben quoi ? C’est ma fille ! Tu ne t’inquiètes pas qu’une enfant d’à peine treize ans se fasse courtiser par un type qui en a près de quatre cents ? — Chéri… Tu raisonnes encore comme un Sapiens. Elle est pleinement adulte depuis l’âge de trois ans ! Et Abel est loin d’être n’importe qui. C’est quand même le premier enfant né naturellement de deux Permanens ! Et intelligent ! Et beau gosse ! Et gentil ! Et… — N’en jette plus, la cour est pleine ! N’empêche… je serai plus rassuré de les avoir à l’œil. Pour la cohérence du récit, il est bon que je vous explique notre calendrier. En effet, vivre sur une autre planète implique une perception et un comptage du temps bien différents. Glièse est une planète à la révolution extrêmement rapide : elle ne met que trente-huit heures terrestres pour faire le tour de son soleil. On ne pouvait pas compter ça comme une année ! On la compte donc comme une journée… de trente-huit heures. De plus, la forte attraction de notre soleil, liée à la proximité de celui-ci, fait que Glièse présente toujours la même face à notre soleil, comme la Lune le fait avec la Terre : le continent est donc toujours éclairé. Aussi continuons-nous à compter des semaines de sept journées, quatre semaines par mois, douze mois dans l’année ; 3

— Tu vas jouer les papa-poule, maintenant ? répliqua-t-elle

presque comme sur Terre… mais un Terrien aurait bien du mal

à régler son rythme circadien sur notre calendrier ! Nous avons gardé les mêmes noms de jours et de mois. Mais notre calendrier débute par le jour de notre arrivée : le premier janvier de l’an 1 de la Nouvelle Glièse. C’est le 14 septembre de l’an 15 que partit la première expédition d’exploration. 4

presque comme sur Terre… mais un Terrien aurait bien du mal

1

— C’est bon pour tout le monde ? Vous avez bien toutes vos affaires ? Il ne vous manque rien ? — Oui, papa, répondit Coré dans un soupir de quasiagacement. C’est bon. On peut y aller. On est prêt. Tu ne vas pas nous couver comme des gosses, si ? — Oh, excusez-moi d’être prévenant ! reprit Adam. — Parce que je n’en suis plus une, tu sais. Je suis une femme accomplie et mature. J’ai toutes les compétences requises. Et Abel est là pour me seconder. Adam jeta un regard suspicieux et chargé à Abel : — Tu es là pour la seconder ? Rien que pour ça ? Devant le mutisme d’Abel, il crut bon d’enchaîner : — Tu ne réponds rien ? — Si quelqu’un me demande « Tu ne trouves pas que j’ai grossi ? », soit je réponds « Non » et je passe pour un menteur, soit je réponds « Oui » et je passe pour un goujat… Alors si mon silence me fait passer pour un idiot, c’est toujours mieux que de parler et d’en donner la preuve ! — Papa ! Tu es en train d’installer un climat malsain, et ce alors que nous ne sommes même pas encore partis ! Qu’est-ce qui te met de si méchante humeur ? Ça ne te ressemble pas ! 5

1



Flipbook Gallery

Magazines Gallery

Catalogs Gallery

Reports Gallery

Flyers Gallery

Portfolios Gallery

Art Gallery

Home


Fleepit Digital © 2021