NUMÉRO DECEMBRE 2021 AU BOUT DU FIL Venez en apprendre davantage sur la machine Enigma VOGUE FRANCE DE VOGUE PARIS A Un article entier pour tout comprendre ASK YOUR PROF NUMÉRO 7 Et toujours le cinémara et votre horoscope du mois d'octobre !
P.1 : Sommaire P.2 : L'édito P.3 et 4 : Au bout du fil P.5 : Ask your prof P.6 et 7 : De Vogue Paris à Vogue France P.8 à 11 : Cinérama P.12 à 14 : L'horoscope d'hiver P.15 : Et si c'était vous? moc.liamg@ycnanairotse airotS-E
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Au bout du fil Enigma : Quand les chiffres parlent réellement d'eux-mêmes En des temps troublés, lorsque des hommes veulent communiquer, ils n’ont parfois pas envie que d’autres sachent ce qu’ils se disent. Voilà tout l’intérêt pour eux de coder les messages. Crucial lors de la Seconde Guerre mondiale, le chiffrement a été décisif pour la planification de missions secrètes, d’opérations délicates et pour l’issue du conflit. Un des procédés de codage le plus connu est sans doute celui dit de la « Machine Enigma ». Une machine Enigma à l'œuvre en 1943, Bundesarchiv, licence CCBY-SA, , Enigma (machine) — Wikipédia (wikipedia.org), non modifiée Quelques chiffres... Inventée en 1918 par l’ingénieur allemand Arthur Scherbius (1878-1929), la Chiffriermaschine Enigma est une série de machines servant au chiffrement et au déchiffrement de communications. C’est-àdire qu’à chaque mot est attribué un chiffre grâce aux mathématiques, ce qui rend impossible la compréhension des messages sans connaître le détail (la « clef ») des opérations de calcul à effectuer pour retrouver les lettres. Le déchiffrement est d’autant plus difficile que la clef change régulièrement. D’un point de vue plus technique, ces machines étaient capables de créer 17 576 alphabets en fonction des réglages choisis par le chiffreur. Il fallait donc pour le destinataire du message con- -naître ces paramètres, qui lui étaient transmis par ses chefs. Ainsi, réputées inviolables par Scherbius, les machines Enigma furent notamment utilisées par les forces de l’Axe durant le second conflit mondial (1939-1945). Le double-jeu des espions Bien qu’extrêmement sophistiquées, les machines de Scherbius furent un des facteurs de la défaite de l’Allemagne nazie et de ses alliés durant le dernier conflit mondial. En effet, dès les années 1920, les puissances occidentales et orientales se méfiaient de la République de Weimar instaurée en Allemagne en 1918 et du IIIe Reich qui l'a remplacée en 1933. Donc, malgré l’assurance de son inventeur, le code Enigma fut décodé dès le début des années 30. En effet, grâce à Hanz-Thilo Schmidt (1888-1943), un informateur issu du ministère allemand à la défense, le Reichswehrministerium, les services de renseignement militaires Français eurent accès à des documents concernant la machine Enigma. Ils coopérèrent avec les Britanniques de l’Intelligence Service et les Polonais du Biuro Szyfrόw pour déchiffrer les messages Allemands. Le cryptologue Polonais Marian Rejewski (1905-1980) inventa ainsi en 1938 la « bombe cryptologique », une machine capable de décrypter en deux heures la clef de la machine Enigma. Rajewski pendant la guerre (1943 ou 1944), domaine public, Fichier:Marian Rejewski.jpg - Wikimedia Commons
A l’entrée en guerre en 1939, les Alliés pouvaient grâce à leurs espions déchiffrer une grande partie des communications secrètes allemandes. Les renseignements britanniques mettaient tout en œuvre pour continuer les travaux de déchiffrement d’Enigma, ce malgré le décès de Schmidt, qui s'est suicidé sans parler après avoir été démasqué, arrêté et probablement torturé par l’Abwehr, les services de renseignements allemands. Tout était donc fait pour que les Allemands ne se doutent pas que les Alliés étaient parvenus à déchiffrer leurs communications. En effet, cela aurait conduit l’Axe à remplacer les machines de cryptage. Or, la connaissance des plans ennemis était pour les alliés un avantage considérable qui a permis, selon certains historiens, à écourter de deux ans la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, les différentes attaques, prévues et organisées grâce aux renseignements issus des communications allemandes, sont souvent mises en scène. Par exemple, en Syrie et en Lybie, les Alliés connaissaient l'itinéraire des convois de ravitaillement de l'Axe et les attaquaient. Mais, pour que les Allemands ne devinent pas l'ampleur des renseignements britanniques, ces derniers faisaient survoler préalablement la zone de combat par des avions d'observation afin que l'attaque ait l'air d'avoir lieu par hasard. Enigma est ainsi un nom lié à jamais à l’histoire de la cryptologie et de l’espionnage. En effet, si l’Histoire se fait par des acteurs souvent illustres, il ne faut pas oublier que, souvent, elle est écrite par des personnes agissant dans l’ombre. - Rémy Mougeat Enigma en usage en Russie, licence CCBY-SA, Bundesarchiv Bild 101I-241-2173-06, Russland, Verschlüsselungsgerät Enigma Enigma machine - Wikipédia (wikipedia.org), non modifiée
Propos recueillis et mis en page par Anaëlle Chevrier Quentin MULLER Doctorant en histoire moderne J'ai commencé à dispenser des cours de TD au début de ma première année de contrat doctoral, soit à partir de la rentrée de l'année 2020-2021, avec un TD d'histoire moderne destiné aux étudiants de L1 pendant le premier semestre et je réalise le même enseignement cette année. Je n'appréhendais pas tellement cette situation étant donné que j'avais eu l'occasion d'enseigner un an dans le secondaire l'année précédente et car j'avais pu m'entretenir avec le professeur en charge du CM et avec un autre doctorant en charge d'un groupe TD de la même UE, ainsi avons-nous pu discuter des quelques points me paraissant plus flous au sujet de l'organisation. J'ai eu l'occasion de préparer mes premiers TD pendant les vacances d'été puis les autres au fur et à mesure du semestre, au cours duquel je me réserve encore maintenant toujours des temps précis de la semaine pour affiner mes préparations et corriger les travaux des étudiants.
travailler plus directement sur ma thèse, je n'oublie pas l'importance qu'ont ces enseignements pour des étudiants arrivant à l'université, ainsi me semble-t-il nécessaire de prendre du temps pour eux pour préparer des cours adaptés à leur niveau (en retravaillant les points des TD qui méritent des modifications par rapport à ce qui n'a pas fonctionné l'année précédente) et pour corriger leurs travaux afin de les faire progresser. En cela, je pense que ce que j'ai appris de mon expérience d'enseignement dans le secondaire (essayer autant que faire se peut de prendre en compte les difficultés de chacun, m'efforcer d'inclure pleinement les étudiants pendant les séances pour vérifier leur bonne compréhension de ce que je transmets) peut apporter beaucoup de choses dans le cadre des TD à l'université. Tout cela me conforte dans mon projet professionnel de devenir enseignant-chercheur à l'université. J'ai parfois quelques regrets quand je vois que certains étudiants ont une certaine appréhension à venir discuter avec moi de leurs difficultés bien que je leur répète régulièrement que je suis à leur disposition pour cela; la grande taille des groupes de TD ne permet en effet pas de s'arrêter pendant chaque heure de cours sur les difficultés de chacun, mais un échange à la fin du cours ou par mail et une aide plus personnelle serait sans doute bienvenue pour des étudiants motivés mais ayant des difficultés ponctuelles ou générales.
FRANCE : HISTOIRE D'UN MAGAZINE DE MODE Après près de 10 ans à la tête de Vogue Paris, Emmanuelle Alt cède la place à Eugénie Trochu et elle devient alors la nouvelle rédactrice en chef du prestigieux magazine. Ce changement annonce une nouvelle ère puisque Vogue Paris perd sa singularité et devient Vogue France pour célébrer la diversité. Le magazine est aujourd’hui une référence pour les passionnés de mode et pour comprendre son ampleur, il faut revenir des années en arrière. Le premier Vogue est crée en 1892 par Arthur Baldwin Turnure, un étatsunien. Il s’agit d’abord d’une petite gazette retraçant la vie mondaine new-yorkaise. Il est racheté en 1909 par Condé Nast alors qu'elle est sur le déclin. Le nouveau directeur mélange les thèmes et arts, haute couture mais aussi potins se retrouvent au sein d’un seul et même magazine. Nast vise particulièrement un électorat élitiste et cela se retrouvera dans toutes les autres versions de Vogue. Un des objectifs du directeur est d’internationaliser la presse féminine et c’est ce qu’il fait à partir de 1920 en France. La Première Guerre mondiale retarde le projet d’un Vogue français. Mais dès la fin de la guerre, le 15 juin 1920, la version nationale est lancée. A sa tête, Lucien Vogel, éditeur, qui a des relations étroites avec Nast. Il en devient le directeur artistique de 1925 à 1927 et sa femme, Cosette, devient la rédactrice en chef de 1922 à 1927. La création d’éditions étrangères dans la langue du pays d’accueil semble assez banale pour nous mais pour l’époque, il s’agit d’une situation totalement nouvelle. Nast joue un rôle précurseur dans le domaine. Le Vogue français représente l’avènement de la presse magazine car il aborde des sujets d'actualité mais aussi sur le sport ou le cinéma. Cependant, jusqu'à la fin des années 1920, le vogue français reste très dépendant de la maison-mère. En effet, il n’est qu’une traduction du Vogue américain. Cela change avec l’arrivée en 1929 de Michel de Brunhoff. Ce dernier souhaite faire de vogue français un magazine indépendant, différent du vogue américain mais aussi plus centré sur la France. Cette idée ne déplait pas à la maison-mère mais les choix artistiques du rédacteur en chef sont aux antipodes de ce que souhaite Condé Nast. Vogue s’impose dans l’entre-deux-guerres comme l’un des magazines les plus prestigieux car il est la vitrine des couturiers et il se veut le porte-parole de la « féminité moderne » en représentant des femmes qui prennent soin d’elles, qui font du sport ou qui conduisent des voitures. La Seconde Guerre mondiale met un frein à la publication de Vogue. Au départ, de Brunhoff voulait continuer de publier et c’est ce qu’il fait en décembre 1939. Cependant, après la défaite de 1940, les bureaux du magazine sont perquisitionnés. Le rédacteur en chef fait alors en sorte que Vogue soit interdit à la publication pour éviter qu’il ne devienne un outil de propagande. La majeure partie de mes recherches provient d'une thèse sur le sujet : KURKDJIAN Sophie, Lucien Vogel et Michel de Brunhoff, parcours croisés de deux éditeurs de presse illustrée, Institut universitaire de Varenne, 2014 La chanteuse Aya Nakamura en couverture du premier Vogue France, novembre 2021
Le magazine renaît lors de la Libération et prend de plus en plus d’ampleur. La catégorie « prêt-à-porter » s’ajoute sous la pression d’Edna Woolman Chase, rédactrice en chef du Vogue américain. Le monde de la photographie envahit Vogue et efface les illustrations. Des photographes comme Guy Bourdin ou encore Helmut Newton deviennent des collaborateurs importants du magazine et leurs créations changent complètement la ligne de Vogue, passant de bourgeois et conservateur à scandaleux. On retrouve un véritable bouillon de culture au sein du magazine avec l'arrivée de personnes très présentes dans la vie culturelle comme Simone de Beauvoir ou Jean-Luc Godart. Vogue se veut dans l’air du temps et veut parfois le dépasser comme le montre les photographies de 1965 ultra modernes de Roman Cieslewicz qui se composent de collages, de photo-montages ou d’hors-champ. Le ton change avec l’arrivée en 1968 de Francine Crescent et Françoise Mohrt qui donnent un nouveau souffle artistique au magazine qui prend alors le nom de Vogue Paris, le seul qui a une ville dans sa dénomination. Ce dernier se compose de doubles-pages graphiques et l’un des objectifs de ces deux femmes est de créer un choc visuel. Les photographes ont alors les pleins pouvoirs. Après leur départ en 1986, le magazine continue de garder une ligne artistique très créative. Un des objectifs de Colombe Pringle, nouvelle rédactrice en chef, est de donner de l’importance au rédactionnel. Les actrices sont présentées sous forme de reportages et on propose des interviews fleuves à des créateurs en vogue comme Vivienne Westwood. Cette initiative éditoriale se retrouve encore aujourd’hui et fait totalement partie de l’identité du magazine. Dans les années 2000, les propos se recentrent autour de la mode avec Roitfeld qui propose une ligne provocatrice, voire porno chic. . Cela s’arrête avec l’arrivée d’Emmanuelle Alt qui souhaite revenir à une certaine élégance. Elle est restée à la tête de Vogue jusqu'à aujourd'hui. Sa tendance à mettre en avant la Parisienne chic lui a fait défaut. Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue US, lui a reproché son manque de diversité et surtout de ne pas représenter la France entière. C’est pour cela que le magazine change de nom et passe de Vogue Paris à Vogue France, avec Aya Nakamura à la une de cette nouvelle ère. FLORIMOND Emma Ci-dessous : un des clichés d'Helmut Newton pour Vogue Paris en 1979
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