Pour transmettre l'Histoire, encore faut-il la connaître. Pour un grand personnage connu comme Marie Curie ou Charles de Gaulle, c'est relativement facile. Mais pour un ancêtre héros familial anonyme de l'Histoire, c'est bien plus compliqué. Pour en savoir plus sur lui, un seul moyen : chercher dans les archives les documents pouvant le concerner. Alors comment retracer le parcours d'un de vos ancêtres ? Nous prendrons l'exemple d'une recherche concernant un aïeul participant à une guerre mondiale. Pour pouvoir lancer vos recherches, il faut que vous connaissiez le nom de votre ancêtre. Pour ce faire, si vous avez la chance de toujours avoir vos grands-parents, demandez leur le nom de leurs parents ou grand-parents. Généralement, même s'ils n'ont pas connu leurs grand-parents, les gens savent le nom de ceux-ci. Prenons par exemple le fait que l'aïeul recherché, sujet de votre enquête, se nomme Jules Dupont. Dorénavant, il faut trouver la date de naissance de votre aïeul. Si vos grands-parents ne le savent pas, essayer de chercher sur le site Geneanet. Ce site internet recence de nombreuses informations généalogiques. Ainsi, en tapant "Jules Dupont" dans la barre de recherche, vous trouverez de nombreuses personnes nommées ainsi. Il faut donc filtrer la recherche en cliquant sur "Modifier". D'autres paramètres apparaissent et vous pouvez ainsi définir de recherches les Jules Dupont nés dans telle ou telle région voire telle ou telle ville (si vous avez l'information). Une autre manière de trouver la date de naissance de votre aïeul est de rechercher les Jules Dupont selon leur date de décès. En effet, si vos grands-parents ne se souviennent pas de l'année de naissance de votre ancêtre, ils se souviennent sans doute de la date à laquelle ils l'ont enterré. Si vos grands-parents ne vous sont d'aucuns secours, peut-être des archives familiales, comprenez de vieux documents au fond d'une malle poussiéreuse au grenier, le seront. Quoiqu'il en soit, il faut une base de départ à toute recherche généalogique. Cette base peut même être vos grands-parents eux-mêmes. En effet, en les recherchant sur geneanet, vous pouvez remonter leur arbre généalogique jusqu'à trouver l'aïeul que vous cherchez. Généralement, les pages geneanets des personnes décédées mentionnent l'année et le lieu de naissance et de mort des personnes voire leur métier.
savez la date et le lieu de naissance de Jules Dupont ! Avec ces informations, vous pouvez enfin enquêter sur le passé de votre aïeul pendant la guerre. En effet, tous les hommes français de 20 ans, depuis la loi Jourdan-Delbrel de 1798, sont astreints aux obligations militaires (sauf si, malades, ils sont réformés, auquel cas vous le découvrirez). Ainsi, en ajoutant 20 à la date de naissance de Jules Dupont, vous devinez qu'il fait partie de la classe de mobilisation 1933. Votre ancêtre étant né à Vandœuvre, c'est le bureau de mobilisation de Nancy qui a appelé votre aïeul à servir. Il vous suffit maintenant de vous rendre sur le site internet des archives départementales de Meurthe-et-Moselle et chercher les registres matricules du bureau de mobilisation de Nancy pour l'année 1933. Ces registres renferment des listes par ordre alphabétique de tous les hommes mobilisés chaque année avec leurs noms et prénoms, date de naissance et d'anniversaire et numéro de fiche matricule. Les fiches matricules sont des documents nominatifs où se trouvent l'état-civil (identité, noms des parents, profession, lieu de résidence) et le signalement, c'est-à-dire une description physique de votre aïeul. Ainsi, avec ces informations, vous pourrez rechercher ses actes de naissance et de décès en faisant une recherche par commune dans les archives départementales en ligne. Mais plus important : la fiche matricule comporte son passif militaire ! Tout ce qu'il a fait à l'armée voire pendant la guerre. Deux limites cependant : si tous les registres matricules sont numérisés, les archives départementales ne numérisent que les fiches matricules des classes 1921 et antérieures. Pour les fiches postérieures, comme celle de Jean Dupont créée en 1933, il faut faire la demande aux archives pour venir consulter sur place la fiche. Il en va de même pour les actes de naissance, mariages et décès, qui sont numérisés s'ils sont de 1905 et antérieurs. Certains bureaux des archives, comme celles des Vosges, transmettent même en version pdf par mail les documents souhaités, mais ce n'est pas le cas en Meurtheet-Moselle. Une autre limite : la guerre. C'est paradoxal mais la guerre n'a pas que tué des soldats, elle a même contribué à en faire oublier. En effet, les fiches matricules, avant d'être versées aux archives départementales, étaient conservées par les bureaux de recrutement militaire. Or ceux-ci ont parfois été touchés par les combats.
versions reconstituées de celles-ci ne sont que trop peu renseignées. Et c'est très fréquent. Ayant fait des recherches sur plusieurs de mes aïeuls, pour trois d'entre eux leur fiche était presque vierge, l'originale ayant été détruite. Que faire alors si c'est le cas de Jules Dupont ? S'il a participé à une guerre, peut-être aurez-vous des informations sur le site Mémoire des Hommes, créé par le Ministère de la Défense. Ce site recense beaucoup de documents sur les soldats français depuis l'Ancien Régime, surtout s'ils sont morts pour la France. En lançant une recherche dans les bases nominatives pour "Jules Dupont", vous trouverez tous les Jules Dupont morts pour la France en 14-18 et 39-45, en Indochine, Corée et Algérie, membres de l'aéronautique militaire, fusillés en 14-18, "malgré-nous", morts en déportation, membres des Forces Aériennes Françaises Libres, médaillés de la Résistance, membres d'équipage ou passager d'un navire, ou recrutés par l'armée entre 1683 et 1815. Par acquis de conscience, vous pouvez aussi vérifier si votre aïeul n'est pas titulaire de la Légion d'Honneur. Eh non, ça n'arrive pas qu'aux autres ! Un de mes ancêtres a reçu cet honneur. Pourquoi pas le vôtre ? Pour vérifier, rendez vous sur le site Léonore des Archives Nationales et entrez simplement "Jules Dupont" dans la barre de recherche, en voyant la notice détaillée vous aurez droit à visionner des documents numérisés sur votre aïeul médaillé. Si vous savez que votre ancêtre a été soldat, vous pouvez jeter un œil aux Bulletins Officiels de la République Française, section Ministère de la Guerre (ou de la Défense nationale, selon l'année) où pourrait avoir été renseigné Jules Dupont. Ces bulletins sont trouvables sur le site Gallica recensant de nombreux documents anciens (journaux, livres, manuels etc). Et que faire si vous ne cherchez pas Jules Dupont mais Julie Dupont ? Là, c'est un peu plus dur car il n'y aura aucune information sur des femmes dans les archives militaires, sauf cas exceptionnels, puisque les femmes n'étaient pas concernée par le service militaire. Il convient donc d'éplucher les pages geneanet et les archives départementales en espérant y retrouver votre aïeulle. Si toutefois vous savez que votre aïeulle était auxiliaire militaire ou infirmière, une demande aux archives du personnel militaire à Pau, Caen ou Vincennes pourrait peut-être vous aider. Attention toutefois, c'est une opération payante (prix de l'envoi d'une lettre par La Poste, l'armée vous transmettant des copies papiers des documents concernant votre ancêtre). Voilà quelques pistes pour vous aider dans vos recherches. J'ai bien conscience que ce ne sont pas des moyens infaillibles de trouver, mais j'espère que cela permettra de sortir de l'oubli des hommes et des femmes anonymes que l'Histoire a tendance à mettre au deuxième plan.
INTERVIEW SYLVIE JOYE – E-Storia septembre 2023 Thomas Chiarazzo et Héloïse Oberhauser Il y a quelques semaines, Héloise Oberhauser et Thomas Chiarazzo rencontraient Sylvie Joye, professeure à l'Université de Lorraine en histoire médiévale. La médiéviste qui "lit beaucoup de bandesdessinées et de mangas" a répondu à toutes nos questions : • Pour préparer cet entretien, j’ai fait des recherches sur Internet, et je suis tombé sur votre page Wikipédia. Est-ce que ça vous a fait quelque chose d’avoir une page Wikipédia ? Je devine que c’est un exercice de numérique des étudiants en master à Reims. Beaucoup de gens en ont une aujourd’hui, mais si quelqu’un veut la remettre à jour, qu’il n’hésite pas. • Quel est votre parcours universitaire ? Je suis originaire du Nord, à Armentières aux frontières de la Belgique, et j’ai fait une prépa à Lille. Ensuite, j’ai fait concours de normal sup, des études normales, un master avec Michel Parisse qui était prof à Paris I. J’ai passé l’agrégation et après j’ai fait un DEA avec Régine le Jan, qui m’avait déjà donné mon sujet de maîtrise. Elle m’a donné un sujet sur l’enlèvement des femmes. Je ne savais pas du tout quelle période prendre, j’aimais bien les langues anciennes, j’avais hésité entre lettres classiques et histoire. Régine Le Jan faisait de l’histoire du début du Moyen Âge. J’ai pris ce sujet en DEA pour ouvrir sur le sujet de thèse après, donc j’ai fait ma thèse sur les femmes enlevées. J’ai passé l’agrégation en 1999, j’ai soutenu ma thèse en mars 2006 après 5 ans et demi avec une allocation de recherche. J’ai fait une cotutelle de thèse avec l’Italie, je passais plusieurs mois en Italie à Padoue. Il y avait à l’époque des bourses co-tutelles pour payer les voyages. J’ai cherché tous les ans un poste temporaire. J’étais ATER à Marne la vallée, puis à Orléans, Rennes et élue maître de conférences à Reims en 2007. J’y suis restée 11 ans. J’ai fait une habilitation à diriger des recherches sur l’autorité paternelle, suite logique du mariage par rapt, qui allait sans l’autorité tu père. J’ai soutenu ça en décembre 2016. Je suis arrivée ici en septembre 2018. • Vous êtes professeure en histoire médiévale, pourquoi vous être orientée vers cette période ? J’hésitais franchement à la fin de la licence avec des sujets d’histoire contemporaine. Il fallait se diriger à la fin de l’agrégation, se décider sur ce qui allait suivre. Je suis allée voir mon tuteur à l’école normale, et j’étais déprimée. Au final, il n’y avait pas le temps de réfléchir pendant l’agrégation. Je voulais faire des choses sur le Proche Orient, des choses plus lointaines. On travaille toute une année sur le même sujet, et je me dis, finalement ce n'était pas si mal. On utilise beaucoup l’anthropologie, des sources narratives. C’est une période qui m’allait bien, et je n’étais pas si malheureuse en maîtrise donc j’ai continué un peu comme ça.
choisi ce thème en particulier ? C’est au moment de ma maîtrise finalement, où ce qui m’intéressait c’était plutôt l’histoire sociale. On parlait de l’histoire du genre mais ce n’était pas tellement commun. J’hésitais avec l’histoire des communautés comme les juifs. J’ai choisi l’histoire des femmes qui m’intéressait dès l’abord. Ca s’est assez naturellement enchaîné là-dessus. J’ai fait mes premières recherches sur ces questions là. J’ai publié aussi d’autres choses mais essentiellement sur les femmes et le mariage. • Vous étiez maître de conférences à l’université Reims-Champagne-Ardenne, pourquoi avoir complété par Nancy et l’Université de Lorraine ? Le système des élections universitaires fait qu’on se présente quand le poste est réouvert quand un collègue part en retraite. Dans les années juste après mes habilitations je m’étais présentée à Nancy, Boulogne et Valenciennes. J’avais été élue à Boulogne et Nancy et il y a à Nancy une longue tradition de médiévistes, comme Michel Parisse. Il y a beaucoup de travail sur l’Austrasie, beaucoup d’étudiants qui travaillent sur thèse, un vivier d’étudiants, bibliothèques, des ressources locales et un intérêt de l’histoire de cette région. Ça correspondait bien à ce que je voulais chercher. Le haut Moyen-Âge est moins répandu. Souvent en licence ça va être enseigné mais pas forcément par des spécialistes. A Lyon III il y en a, mais pas à Lyon II. Souvent quand il y en a, il n’y a qu’un poste. • Toujours sur l’enseignement, en 2018, une professeure de l’université de Courbevoie était tuée, récemment, c’était au tour d’Agnès Lasalle, après Samuel Paty, croyez-vous encore en un avenir pour le métier d’enseignant ? Ce sont des incidents un peu extrêmes qui sont quand même rares. Il faut espérer. On en a besoin. C’est un métier devenu plus difficile car on a plus d’attentes envers les enseignants. Il y a des réformes très régulières. Les élèves ont toujours besoin de personnes qui vont aider à ouvrir l’esprit. C’est aussi l’apprentissage des diversités du monde, voir un peu plus loin que où on se trouve. Il y a une nécessité. Le débouché le plus demandé en histoire était l’enseignement mais ça devient moins évident, du point de vue de la reconnaissance, du point de vue salarial. Les étudiants d’histoire peuvent tout à fait faire d’autres choses que l’enseignement. Enseigner à des jeunes adolescents ça ne m’a jamais attiré. L’agrégation était le passage obligé pour le supérieur. Peut-être que j’aurai une révélation mais à un moment j’avais pensé enseigner la géographie et l’histoire contemporaine, la méthode historique m’intéressait, sur la fin du 19ème siècle et le 20ème siècle, avec les réformes. Il faut avoir une vocation, aimer être polyvalent. C’est peut-être moins évident qu’il y a 5 ans. • Vous répétez assez souvent que Régine Le Jan est votre « maman spirituelle », estimez-vous qu’elle fait partie des meilleures historiennes ? C’est une des deux seules personnes qui est venue voir ma fille à la maternité. Ma thèse était exactement le contraire de ce qu’elle avait prévu. La période qui remontait vers le très haut Moyen Âge et les références romaines l’intéressait franchement moins que les Carolingiens à l’époque, mais de mon je voulais m’orienter plutôt vers ces périodes car j’y trouvais tout le socle conceptuel du sujet et plus de sources, même si elles étaient plus éparpillées. Le sujet partait d’une note de bas de page de sa thèse à elle, ça a été formateur mais mes idées allaient à l’opposé de ce qu’elle disait à l’époque. On a discuté et elle a tout à fait accepté cela : maman spirituelle oui, gourou non.
sont transformés en débats face à d’autres historiens ? Je suis quelqu’un qui n’aime pas beaucoup les conflits. Régine était en débat avec Michel Rouche, directeur de thèse de Bruno Dumézil. Ils travaillaient dans la même université. Il est très axé sur l’idée que les barbares sont très différents de nous avec un imaginaire tournant autour du sang, du sexe etc. Ce n’était pas la façon dont elle abordait la parenté. Ca peut être des débats personnels en même temps que scientifiques. Il y a des articles sur la présence des chameaux en aquitaine de Michel Rouche aussi qui faisaient débat et d’autres historiens publiaient des articles en réponse assez directs dans leurs critiques, mais qui ont permis de préciser. Je n’ai pas vraiment fait ça. J’ai fait un compte rendu dans les Annales du livre de Karol Modzelewski sur les barbares. C’est par ailleurs un personnage public et un historien important mais sur cette production précise ai dit que je n’étais pas d’accord sur sa problématique générale. Un étudiant russe m’a dit des années après que c’était super mal passé en Europe centrale, mais je n’avais rien vu. Je n’étais pas du tout virulente, je le suis rarement dans ce que j’écris. On n’est pas dans des écoles opposés comme a pu le vivre Régine. C’est vraiment apaisé, ce qui est bien. • En 2018, 2020 et 2021, vous avez participé aux Rendez-vous de l’Histoire à Blois, autour du thème de la bande dessinée, vous aviez même pour projet de réaliser un ouvrage à Jorge Gonzalez, pour vous, est-ce que la bande-dessinée est un bon moyen d’apprendre l’histoire ? Oui, cette bande-dessinée s’est faite avec Damien Vidal dans la collection Histoire Desinnée de la France. C’était un dessinateur argentin et il ne connaissait pas Charlemagne, la façon de faire le scénario n’avait pas fonctionné avec lui. Damien Vidal allait chercher des choses, rebondissait. Cette série est dans l’idée de ne pas faire dans le roman national mais de plutôt présenter quelles sont les sources, l’envers du décor, les opinions différentes etc mais tout en faisant une bande dessinée lisible,. Ce n’est pas extrêmement militant. Le mien n’est pas particulièrement iconoclaste. Il y a plusieurs lectorats possibles, et le plus grand lectorat ce sont les gens qui connaissent bien l’histoire. J’étais dans l’optique de faire quelque chose d’accessible au plus grand nombre, je ne suis pas allée trop dans la mise en scène. Il y a des volumes beaucoup plus cérébraux, mais je n’y suis volontairement pas allée. Ce n’est pas forcément évident de se placer, chacun des volumes a pris des sous-entendus mais le but pour moi c’est d’aller vers des gens qui ne savent pas trop de choses avant. Je lis beaucoup de bandes-dessinées, des mangas, dans le pourcentage de ce que lisent les gens, cela prend de plus en plus de place, notamment dans la médiation scientifique, et c’est très positif. * Vous avez aussi participé à l’émission « Grégoire de Tours » sur KTO TV il y a quelques années avec Bruno Dumézil, pensez-vous que ces émissions sont utiles, et éventuellement assez neutre pour enrichir sa culture historique ? C’est une télé professionnelle, catholique. On parlait de Grégoire de Tours en tant qu’évêque ecclésiastique. Le collègue universitaire de Louvain qui fait cette émission ne nous pousse pas du tout à présenter des éléments favorables à l’église catholique. Il posait des questions sur les saints et les évêques, et comment ils utilisent les miracles pour signifier telle ou telle chose et ça ne posait aucun problème. Le format télé fait passer pas mal les choses. Avec ces interviews là il n’y a pas de coupes dans ce qu’on dit, contrairement aux documentaires.
Charlemagne » de « Secrets d’Histoire », est-ce que vous pouvez nous parler de cette expérience ? On est interrogé par un réalisateur, qui fait travailler des gens pour lui. Il faut remplir l’émission, et ça se sent qu’il cherche à faire dire certains éléments qui soient « vendeurs ». Ma chance est que je suis arrivée sur les questions sur les femmes ou le sexe, et je levais les yeux quand ça n’était pas pertinent donc c’était inutilisable. On enregistre pendant assez longtemps et ils choisissent juste certains morceaux pour compléter leur émission. Il n’y a pas eu de mensonges, ce que je disais était ce que j’avais en tête, il n’y a pas eu de coupes malhonnêtes. Ca dépend des numéros. Sur Charlemagne, il y a des universitaires, et des anecdotes plus ou moins vraies. Même si il y avait cette envie de faire dire les choses, au final, il y avait des émissions plus abouties que sur Charlemagne, avec une plus grosse proportion d’universitaires. Il y a des personnages qui s’y prêtent comme Charlemagne. Refuser d’y aller c’est laisser parler des gens peu spécialistes. • Est-ce que ca a été compliqué pour vous de participer à cette émission, sachant que beaucoup de vos collègues, et ce dans toute la France, critiquent cette émission ? Oui, mais après il y a beaucoup de collègues qui y participent au final, sinon qui le fera ? Il ne faut pas s’en cacher non plus. Je suis allée à la télé et à la radio. On est pas coupés de manière malhonnête dans ce qu’on dit. C’est pas non plus une propagande absolue. Il y a des éléments de présentation où c’est plus problématique. Je n’ai aucun collègue qui me l’ait reproché. Je ne suis pas passée non plus plein de fois chez Stéphane Bern. Certes, il va aborder des sujets plutôt sur les souverains, mais en même temps le grand public n’est pas intéressé que par ça, ce serait faux de le penser. C’est inégal parfois, mais ça ne justifie pas de décider de pas y aller. • Votre dernière publication, si je ne me trompe pas, date de 2022, dans le « Dictionnaire du fouet et de la fessée. Corriger et punir » Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre travail au sein de ce projet ? Avec l’autorité paternelle évidemment et puis le travail sur les femmes et l’idée de correction, j’avais pas mal abordé ce sujet. J’étais assez impliquée sur le montage du projet car c’était une collègue de Reims qui s’en occupait. C’est quelque chose que je traite dans ma deuxième thèse que je n’ai pas encore publiée. J’ai fait un article en collaboration sur les esclaves. J’ai relu l’introduction. Il y a eu des collègues qui intervenaient sur la question de la maltraitance, des esclaves à l’époque moderne en Amérique. Il y a eu un débat chez les modernistes. Les esclaves de la fin de l’antiquité déchaînent moins les passions. Le but du livre justement est de montrer que les violences éducatives ordinaires représentent un vrai souci, qui n’est certes pas du même ordre que ce que l’on fait subir aux esclaves, mais fonctionne sur une même logique d’utilisation de la violence et de la contrainte. Je n’ai sorti qu’un petit article mais j’avais participé au début du projet en général. C’était des questions un peu polémique. C’était au moment de la question de l‘interdiction de la fessée. C’était un moment où il y avait beaucoup de travaux sur l’esclavage, dont la gravité tranche avec le titre un peu « rigolo » du volume mais les collègues y tenaient beaucoup, en raison justement de l’aspect commun de tout ce qui tourne autour du rapport au corps et de la contrainte, dans tous ses aspects. * Vous enseignez une période marquée par les Rois et le système féodal, est-ce que pour vous un retour de ce système en 2023 serait possible ? J’espère que non. Il y a toute une discussion car les rois médiévaux ne sont pas des rois absolus. Ils ont à traiter avec les grands. Il y a une oppression réelle des paysans, avec un contrôle de plus en plus fort de ce qu’ils font, avec un esprit de rapport de force.
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