AVRIL 2023 CINERAMA Cinéastes talentueuses et prix reconnus POPSTORIA / THOMAS AND THE CAMPUS De nouvelles rubriques à découvrir KESKONFAI Les rendez-vous culturels à ne pas manquer NUMÉRO 9 Mais aussi 4 questions à deux étudiants ; Delphine Froment et Ask your prof ; le retour d'au bout du fil ; Henri III ; Quiztoria, etc.
L'ÉDITO Cher tous, C’est avec une joie immense que je vous annonce le grand retour d’E-Storia, le journal pour et par les étudiants en Histoire. Lancé en 2020, celui-ci avait pris une place importante et marquait un rendez-vous mensuel pour beaucoup d’entre vous. Après beaucoup de tergiversions et quelques mois de préparations, nous vous retrouvons enfin et cessons l’accumulation de ces rendez-vous manqués. Nous ne pouvions revenir sans certaines de vos rubriques préférées : le Cinérama de Sarah Coudray est de retour afin de mettre à l’honneur des femmes cinéastes. Vous trouverez dans cet article de quoi égayer vos soirées et panser vos plaies. Rémy Mougeat, également, vous livre le récit entier d’un témoin de la Seconde Guerre mondiale. Pour les plus assidus, vous découvrirez enfin le fin mot de l’histoire et saurez trouver dans ces mots les pensées et raisonnements d’un Homme de son temps. Si certains s’en vont, d’autres arrivent et ont de quoi vous enchanter ! La nouvelle rubrique Thomas and the campus saura vous faire chavirer à travers des questionnements profonds et intéressants. Thomas Chiarazzo nous livre un récit poignant sur les animaux totems, de quoi interroger la plupart d’entre nous. De même, Paul Jeannin Jeannel explore la culture populaire bien connue de tous. Ce mois-ci Popstoria évoque « V ou une vendetta contre le gouvernement anglais ? » Enfin, et comme vous le savez peut-être déjà, EStoria a toujours laissé la place à des articles ponctuels, aux sujets divers et variés qui vous laissent la parole et un endroit pour vous exprimer. C’est ici Henry III qui est à l’honneur ainsi que son autrice, Lucie Serrier, qui vous offre l’occasion rêvée d’en savoir plus sur un roi parfois méconnu et mal jugé. Vous retrouverez aussi, avec de nouveaux auteurs, Ask your prof. C’est cette fois-ci Delphine Froment, enseignante en histoire contemporaine qui a accepté de se livrer à Lucie Serrier et Thomas Chiarazzo. De même, ce dernier a posé 4 questions à Marie-France et Miklos, deux étudiants qui sauront sûrement vous intéresser autant qu’ils ont pu nous toucher. Margot Forelle et Léo Marchal se sont penchés, quant à eux, sur le très attendu Quiztoria. Venez tester vos connaissances et vous assurez que votre culture historique reste parfaite. Des questions pour chaque niveau restent à votre disposition ! Au cas où vous vous demanderiez quoi faire ce mois-ci, Sarah Coudray a la solution pour vous. « Keskonfai » devient votre nouvelle rubrique indispensable. Elle y relève les rendez-vous à ne surtout pas manquer dans l’agglomération nancéenne et fait le point avec vous des sorties à venir. Avec cela, il vous est désormais impossible de vous ennuyer et d’être à court d’idées. Avec cela, Thomas Chiarazzo et Mathilde Voidey font le point sur les diverses associations étudiantes de l’université. Nous ne pouvions commencer sans évoquer le CEH ainsi que le GLEG, nos amis plus près de nous que nous ne pourrions parfois le penser, les géographes. Pour ceux qui viennent ici pour la première fois, je vous souhaite personnellement la bienvenue, pour tous les autres, je vous remercie d’être encore et toujours présent. E-Storia est un projet personnel qui se veut être le lien et le porte-parole de vous, étudiants (de licence ou de master), doctorants, enseignants, historiens ou visiteurs de passage. C’est un renouveau que je souhaitais depuis longtemps et qui revoit le jour grâce à plusieurs d’entre vous. Cet endroit est pour vous tous, afin de vous mettre à l’honneur, et pour vous permettre d’en découvrir toujours davantage. J’espère sincèrement que vous y trouverez votre place. Merci à tous ceux qui se joignent à moi dans cette aventure et qui ne font que la rendre plus belle, En espérant être à la hauteur de vos attente et en vous souhaitant une belle lecture, Anaëlle Chevrier
de novembre, de ses Poudres et sa Conspiration. Souviens-toi de ce jour, souviens-t'en, à l'oubli je ne peux me résoudre ».
extrêmement représentative du lien fort qui unit la pop culture à l’Histoire. En effet, ce film et son matériau source, le Comic Book V for Vendetta sorti entre 1982 et 1988 par les talentueux Alan Moore et David Lloyd, sont impossibles à détacher de l’histoire britannique. Ils racontent l’histoire dystopique d’une Grande Bretagne aux mains d’une dictature, le parti Fasciste Norsefire, dirigé par le Commandeur Adam Susan, jusqu’à ce qu’apparaisse l’anarchiste V, voulant mettre fin à cette dictature. Les références à l’histoire anglaise sont multiples et s'appuient sur deux personnages, Guy Fawkes et Margaret Thatcher. David Lloyd, scénariste du Comic Book V connu pour son masque, repris par le mouvement Anonymous et son chapeau de pèlerin, est une référence à Guy Fawkes, tout comme la citation, qui rappelle la comptine populaire, Guy Fawkes Night. C’était un catholique anglais qui, dans une Angleterre anglicane, voulut, pour rétablir le catholicisme dans le royaume, faire exploser le Parlement, sans succès. Donc tel ce dernier en 1605, souhaitant détruire le gouvernement corrompu selon lui par l’hérésie anglicane, V veut, lui aussi, anéantir le gouvernement pour que la population recouvre ses libertés. Alan Moore, Scénariste du Comic Book Le futur dystopique de cette œuvre montre un monde détruit par une guerre nucléaire où l’Angleterre a été une rescapée, où le fascisme a pris le pouvoir. Mais la question se pose entre cette dystopie et le gouvernement de Margaret Thatcher. L’auteur fait une métaphore entre cette dictature et la réalité de son époque. En effet, Madame Thatcher comme l’appelle Renaud dans sa chanson Miss Maggie, est connue pour avoir dirigé le Royaume-Uni d’une main de fer. C’est cela qu’Alan Moore critique dans son œuvre en y incluant de nombreuses références à cet égard. Tout d’abord, comme tout régime Fasciste, le Northfire veut l’éradication des minorités dont les homosexuels, qui est une référence à la section 28 de la loi de 1988 de Thatcher, interdisant la promotion de l’homosexualité, critique que fait également Moore dans son avant-propos et dans son livre, The Mirror of Love. Ensuite, la critique du thatchérisme se fait par la politique raciale, tout comme l’homosexualité, le Norsefire veut une épuration de la société comme le décrit son slogan "La force par la pureté, la pureté par la foi", qui fait référence à la pureté raciale. Cette critique a une réalité historique bien définie. Dès son arrivée, la dame de Fer s’attaque aux minorités noires et indiennes, s’ensuit dans sa politique un renforcement des interpellations et des discriminations
mener à différentes émeutes comme celle de Brixton en 1981. Mais c’est également par le silence du gouvernement Thatcher sur l’Apartheid en Afrique du Sud. Tout ceci est très visible dans la valse du Vice du Livre II, qui conclut par “On peut être vil, méchant ou aigre, Mais ni pédé, ni youp, ni nègre, Dans ce carnaval d’enculés ; Dans cet infâme cabaret !” Pour finir, la critique sur Margaret Thatcher se fait sur sa politique économique. En effet, bien que la politique thatchérienne permet une remontée économique, les premières années de cette réforme vont provoquer une récession suivie d’une forte inflation contribuant à une fracture sociale importante. C’est ce qui est traité dans le Comic Book. Avant la guerre nucléaire, Moore présente une Angleterre devenue pauvre suite à une forte inflation, qui s’est répercutée sur le reste des pays et a provoqué cette guerre. La dernière réalité historique, présente dans l'œuvre, est le symbole du Norsefire, représentant la croix de Lorraine rouge avec les deux branches de même taille sur fond noir. Ce symbole est une satire de la croix de Lorraine que portaient les FFL à la Libération avec la croix de Saint-George dont elle garde la couleur. Cela montre que ce parti ne s'intéresse qu’à l’Angleterre, comme l’affirme sa devise “L'Angleterre prévaut”. Tout comme la Svastika pour les nazis, ce symbole apparaît partout, comme Big Brother dans 1984 de Georges Orwell. Symbole du Norsefire Ce comic Book et son adaptation cinématographique sont des œuvres à la fois engagées et très référencées. Alan Moore et David Lloyd signent là l’une de leurs plus belles œuvres. C’est une histoire d’espoir et d’énergie dans un monde en ruine. Paul Jeannin Jeannel Sources : V pour Vendetta d’Alan Moore et David Lloyd, Vertigo, label de DC Comics V pour Vendetta de James McTeigue scénarisé par les Wachowski, Warner Bros Tout droit réservé : Illustrations de David Lloyd et image de CarlitoSan Photographie de Nikki Tysoe et Federico Alfio Maria Vinci
L'Histoire est un fil et nous sommes au bout de celui-ci. Certains vécurent plus en amont de ce fil et peuvent nous en faire part. Il y a quelques mois, j'ai eu le plaisir de revoir un vieil ami, monsieur Henri Violle, témoin de la Seconde Guerre mondiale. Ce brave homme, toujours prêt à faire part à la jeunesse de ses faits d'armes, a accepté de nous parler de cette période qui a forgé l'adolescent de treize ans qu'il était en 1939 et qui continue d'émouvoir et de mouvoir l'homme de 97 ans qu'il est désormais. Au début de la guerre, il vivait dans un petit village de Meurthe-et-Moselle : Merviller, (à 63 km au Sud-Est de Nancy), qui servait de poste antiaérien à l'armée allemande. Henri a accepté de répondre à mes questions et à celles de Noah Christophe, ami et collègue en Licence d'Histoire. Parlez nous de l'année 1940. « Le 20 juin, Merviller était défendu par une division du Général Polonais Sikorski. Les Allemands sont arrivés à Brouville (à 3,6 km de Merviller) la veille au soir, et au matin ils ont voulu sortir du bois de la Voivre (à 4 km de Merviller) entre Brouville et Montigny à 5 ou 6 heures. Les Polonais étaient à la sortie de Merviller et ne les ont pas laissé sortir. Les Allemands ont à ce moment-là attaqué par Montigny à 10 heures du matin. Les Polonais avaient un canon de soldats polonais passant la revue à Airvault avant le 18 25mm à l'intersection entre Merviller et juin 1940 https://www.shaapt.fr/blog/ Vacqueville à 2 km. Les Allemands n'ont donc pas pu sortir par là car les Polonais avaient aussi des tranchées sur la route du cimetière barrée par 2 stères de bois. J'ai récupéré à l'époque un fusil Lebel d'un soldat polonais tué que j'ai trainé avec une ficelle au nez et à la barbe des Allemands. J'étais un premier résistant ! Je l'ai caché au-dessus de l'armoire dans la chambre où dormait un Allemand logé chez nous pendant l'Occupation. "J'étais un premier résistant !"
lâchait ailleurs, "Les Français nous lâchent" ils disaient. Ils ne se sont pas sauvés, ils se sont retirés et réfugiés le long de la route de Grammont. Comprenez, si ça lâchait ailleurs ils pouvaient pas rester où ils auraient été faits prisonniers ! Les Allemands sont donc entrés à 14 heures à Merviller. C'était de l'infanterie et chaque allemand avait sur le dos une mitrailleuse, c'était une division d'élite. Les Français eux avaient qu'une mitrailleuse pour 10. Il y a eu environ 10 soldats polonais tués, ils ont été enterrés au cimetière du village mais peut-être qu'ils ont été déplacés depuis [Effectivement, après enquête faite sur place par Noah et Rémy, les corps des soldats polonais ne sont plus au cimetière de Merviller.]. » Comment avez-vous vu les premiers Allemands arriver ? « J'avais 14 ans, je les ai vus arriver. Il fallait ravitailler les gens. Comprenez, les boulangeries étaient fermées. Mon père était le maire du village, il m'a envoyé rue de Grammont pour amener du pain et j'ai vu "les boches", qu'on disait, arriver. » En juin 1940, des soldats francais en déroute croisent un convoi allemand. Rue des Archives/RDA Quel était votre rapport avec eux ? « Ils étaient gentils. Le jour de la bataille, ils avaient pas dormi de la nuit. Ils ont demandé de l'eau, se sont lavés et rasés dans la cour. L'hiver 40-41, leurs artilleurs ont été 2 mois, janvier et février 1941, à Merviller. C'est là que j'ai appris l'allemand. J'avais une excellente mémoire et ils disaient que je le prononçais bien car j'écrivais le mot et ils le prononçaient pour moi, ils m'expliquaient la façon de dire les mots. Ils sont partis en mars envahir la Russie. C'était un régiment d'artillerie. Ils s'entrainaient à tirer sur des poteaux et couraient voir le résultat. Pensez à 15 ans de voir c'était intéressant ! Sinon on n'avait pas à se plaindre d'eux, on avait l'officier allemand qui couchait dans ma chambre là où j'avais caché le fusil. Oh là ! J'aurais pu faire fusiller tout le monde ! J'étais imprudent ! Quand ils perquisitionnaient, pour louper quelque chose fallait que ce soit enterré. »
« À Merviller on avait un responsable de la Résistance. Sous l'occupation j'ai été à une réunion de la Résistance à Baccarat car on avait trouvé un fusil mitrailleur abandonné par les Polonais qu'ils voulaient. Ils ont été malins, ils nous flattaient pour l'avoir. On avait l'esprit de résistance ! On avait récupéré 2000 cartouches de Lebel dans une caisse que les Polonais avaient abandonnée en 40. Il y avait deux caisses, et un gars pas bien charlot en a enterré une dans la tranchée Polonaise ! Il avait pas l'esprit de résistance... Nous on l'avait l'esprit de résistance et on a donné nos munitions à la Résistance ! Quand le 4 septembre 1944 on a eu l'ordre de rejoindre le maquis de Viombois (5 km de Merviller), personne n'avait d'armes sauf moi et mes trente cartouches trouvées avec mon fusil. Je n'ai pas pu partir à l'heure au rendezvous de la Résistance car les Allemands étaient en panne avec leur voiture devant ma Ferme du maquis de Viombois, commune de Neufmaisons, maison. J'ai parti par département de Meurthe-et-Moselle, région Grand Est, derrière, du côté de la ligne France. / photographies personnelles de JIhelpé de chemin de fer mais j'ai pas retrouvé mes copains. Je suis allé à la ferme de Grammont mais ils avaient été perquisitionnés par la Gestapo dans la journée donc ils m’ont pas ouvert. J'ai tiré deux coups de fusil en l'air. Mes copains ont su que c'était moi mais ils ont pas répondu, je suis donc allé caché mon casque et mon fusil sous un sapin et là j'en trouve un autre de fusil ! Un type avait eu la même idée que moi ! Sur le chemin j'entendais les mitrailleuses allemandes qui attaquaient le maquis de Viombois. À un jour près j'étais dans la bataille ! [Le 4 septembre 1944, la bataille de Viombois, lieu-dit à 6 km de Merviller, oppose des troupes de la Luftwaffe et de la Hitlerjugend aux hommes du Maquis dit Groupe Mobile AlsaceVosges. 57 d’entre eux meurent pour la France ce jour là.]. Puis je suis rentré chez moi les mains vides, par derrière, mais le chien s'est mis à aboyer ! Heureusement les Allemands ont pas posé de questions... J'aurais fait fusiller tout le monde, je risquais ma vie et celle de mon père. Ma sœur le lendemain a planqué les armes dans la Résistant français photographié en carrière de Merviller sur ordre du responsable 1944 par le corps de transmissions de résistant monsieur André Direnbeck, ancien sousl'armée américaine. Domaine public officier de l'armée française. »
« Les Américains ils attaquaient par petit bout. Ils attaquaient fort puis plus rien pendant deux semaines, puis ils ravançaient etc etc. Un jour, un bombardier allié a été touché par la DCA [Défense Contre Aéronefs], il a pas tombé en piquant mais en spirale, le pilote a essayé de le maintenir mais il a sauté en parachute et il a descendu sur le bois vers Vacqueville. Il a rentré dans une ferme vers Brouville puis rejoint la ferme à l'entrée de Merviller. Les Allemands avaient une batterie d’artillerie près de la maison de la famille Mougeolle. La batterie tirait sur les Américains. L'aviateur a rejoint les lignes américaines et les Américains ont tiré sur la batterie allemande dont l'emplacement avait été indiqué par le pilote. Les Allemands avaient une autre batterie au Sud du village. Elle était dans une pente donc les obus américains atterrissaient soit audessus soit derrière. Et un jour que les américains la bombardaient, j'ai couru à la fenêtre car j'entendais le départ des obus américains et leur arrivée sur les Allemands. Je crois entendre un départ, je regarde, puis j'entends vouin vouin vouin TAK. C'était une arrivée ! Un éclat ! Qui venait d'arriver dans la cour de la maison ! Pensez j'ai eu peur j'ai couru à la cave ! » Soldats américains traversant une ville lorraine, fin 1944. Domaine public Qu'avez-vous ressenti à la Libération ? « Quand l'armée Leclerc [2ème division blindée française] a attaqué [le 30 octobre 1944], les Allemands ont abandonné leur canon antiaérien car ils ont pas eu le temps de le prendre comme les Américains arrivaient aussi par Brouville. J'ai été libéré là où j'étais évacué, à Halloville (à 12,5 km de Merviller). Pour la petite histoire, dans la nuit du 12 au 13 novembre 1944, les Américains ont bombardé fort. À Halloville, les Allemands étaient des soldats de l'organisation Todt, de vieux soldats faisant des travaux de retardement, de braves types ! C'était des copains, ah oui ! Ils ne nous faisaient pas de mal. Un officier allemand, instituteur, qui parlait français, protégeait une dame dont le mari était prisonnier en Allemagne. Les autres allemands ont réquisitionné tous les chevaux mais pas les nôtres car l'officier était pas fou, il a réservé les chevaux pour lui. Donc le 13 novembre, après toute une nuit de bombardement, les Allemands ont demandé notre matériel. J'ai dû partir avec nos chevaux et les Allemands. Mais les observateurs américains nous ont vus ! Ils nous ont tiré dessus. Les obus américains étaient d'une précision Soldats de l'organisation Todt travaillant en formidable, de chaque côté de la route qu'ils Finlande. 1943-44 Franz Schneider, OT, tombaient ! Schwabenweg am Fischerhals, Finlande
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